Ma bibliothèque

Si vous tombez amoureux du Maroc, vous trouverez dans cette bibliothèque quelques livres pour étancher votre soif de savoir, de culture et de quoi  rêver entre 2 séjours à Taroudant. PS : si vous avez en tête un livre qui viendrait avantageusement compléter cette bibliothèque, n’hésitez pas à m’en envoyer la référence !

Architecture du bien commun de Salima Naji

Livre indispensable qui replace l’architecture dans son contexte social et politique et qui a l’heure de l’écologie et du développement durable nous décrypte ce que l’on admire mais souvent sans comprendre dans le sud Maroc c’est à dire cette architecture faite par les hommes et les femmes du village pour les femmes et les hommes du village et avec les matériaux du village. Salima Naji écrit « dans les oasis ou encore les greniers collectifs, incarnations du bien commun, c’est le savoir-faire de solidarités historiques qui se manifeste. Témoin de la capacité humaine à constituer un environnement viable malgré les contraintes climatiques extrêmes, l’architecture y est pensée tel un objet intégré à son environnement, où se lient étroitement agriculture et construction autour de la pierre, de la terre et des végétaux les plus résistants» .
A lire absolument par tous les amoureux et amoureuses des agadirs et des oasis du sud Maroc.
Salima nous explique le rôle du sacré et la pratique de l’achour, 10% de la récolte sont mis de côté et apportés chaque année aux Zawyas méridionales (Imi n’Tatelt, Tamegrout, Tazezwalt, Tlmggilsht) qui les redistribueront aux pèlerins les années de disette pour supporter la soudure entre deux récoltes, ainsi les Agadirs se retrouvent reliés entre eux au travers de ces réseaux sacrés.
Elle évoque aussi les grandes rénovations, Aguellouy et Id Issa près d’amtoudi, Inoummar, Ayt kin, Isserghine et Tiskmoudine et Akka Ighane et donne des pistes de réflexion pour une architecture au cœur du développement durable et comment avec beaucoup de résilience on peut inverser le tout béton en s’appuyant sur les communautés pour résister aux administrations, aux petits diplômés locaux qui veulent toucher leur parts et affronter les semis lettrés du « jihad architectural» . Merci Salima

 

Le Maroc héroïque

Livre de 1937 à la gloire de l’armée française et de son empire colonial écrit par le médecin capitaine jean Vial.

L’histoire commence par l’assassinat en 1907 du docteur Mauchamp à Marrakech et se termine par la mort d’Henry de Bournazel en 1934 au sud de l’anti Atlas dans les dernières batailles qui marqueront la fin de la période de pacification. Ce livre est un document unique sur cette période.

On peut y retrouver page 45, la défaite de Ma el Ainin : en juin 1910, Ma el Ainin marche sur Fès avec ses hommes bleus, le commandant Aubert accomplit un raid audacieux sur Kasba Tadla, marche toute une journée en combattant les Beni Amir et le 23 juin, disperse 5 000 berbères dans la plaine de Sidi Salah grâce à ses mitrailleuses et après de nombreuses charges  à la baïonnette des tirailleurs sénégalais. Par ordre, la colonne Aubert revint en Chaouia dont l’armée française ne pouvait franchir les limites et Ma el Ainin,  blessé, s’en fut mourir à Tiznit.

C’est le récit de la conquête qui ne s’interrompra pas malgré la première guerre mondiale.
On re découvre l’épisode Abd el Krim en 1925 qui après avoir corrigé les Espagnols avec ses tribus du rift décide de marcher sur Fès. L’auteur nous décrit la résistance française très en difficulté jusqu’à la bataille décisive de Taza. Les actes de bravoure du lieutenant de Bournazel qui tiendra le front oriental avec quelques hommes et une audace folle jusqu’à l’arrivée des renforts commandés par le général Pétain et la reconquête du nord.
La dernière grande bataille de la pacification aura lieu dans le Djebel Saghro et la victoire sera belle mais Henry de Bournazel y trouvera la mort lors de la prise de la dernière cime de Bou Gafer défendu par le splendide Hasso ou Baslam. Bournazel avait 35 ans, son corps fut ramené en France. Son buste fut érigé dans la Kasbah de Rissani où il avait été administrateur. Depuis ce buste a été transféré à l’école de cavalerie de Saumur.
Le livre se termine par un bel hommage aux héros berbères p 270, à ce peuple fier et farouche capable d’endurer les pires souffrances pour garder son indépendance. Mais après la reddition (Aman), vient le temps de la conquête des cœurs comme aimait à le répéter le Général Lyautey au travers de l’aide médicale, de l’aide à l’agriculture et de manière générale au développement dans le respect mutuel.

La dépouille du Marechal Lyautey mort en France en 1934 sera rapatriée au Maroc et inhumée près de Rabat dans une Kouba blanche face à la mer. Mais en 1961, ses cendres  seront  finalement ramenées  en France pour être placées sous le dôme des Invalides.

La dernière bataille fut plutôt une grande opération de police menée dans l’Anti-Atlas oriental, dans ces « terres de poussière, de misère et de soleil » comme les appelle Robert Boutet. Avec l’aviation, 25 bataillons, 7 unités motorisées, 9 escadrons et 13 000 à 15 000 goumiers et partisans, l’armée française s’attaque aux 15000 fusils qui vivent encore du pillage dans la montagne. Bel Kacem se rend finalement à Bou Izakaren près de Guelmim.Sliman

Sexe et mensonges de Leila Slimani

Leila Slimani nous parle du sexe et de la schizophrénie des Marocains sur ce sujet. Il existe 2 sujets tabous au Maroc, la religion et le sexe. Le sexe est régit par la loi qui interdit le sexe hors mariage et l’homosexualité.
Ce n’est ni un roman, ni un essai, juste quelques témoignages de femmes mais aussi d’hommes qui éclairent le débat et permettent de comprendre cette problématique centrale au Maroc.
On ne peut aborder ce sujet au Maroc sans que tout le monde devienne hystérique et malheureusement seuls les conservateurs islamistes osent prendre la parole sur ce sujet, les progressistes n’osent pas compte tenu de la violence que cela déclenche et des risques encourus
Les dégâts causés par le statut quo actuel sont énormes dans la société : 24 bébés abandonnés chaque jour, cadavres de bébés trouvés dans la rue, agressions de femmes, viols, décès liés aux avortements clandestins, suicides de jeunes filles, …/… les femmes Marocaines sont privées d’une partie de leurs droits de citoyennes.

Rue des voleurs de Mathias Enard

Roman superbe qui raconte à travers l’histoire d’un jeune Marocain de Tanger qui bascule très jeune dans la violence, comment fonctionne le recrutement et la formation des jeunes pour le Jihad. Ce dernier sera sauvé par les livres et en particulier les romans policiers.
Mathias Enard a le talent de vous accrocher dès la première page et à la fin du premier chapitre, vous êtes ferré. Il glisse aussi de temps en temps une phrase en avance de phase, juste un indice qui vous met en appétit en vous laissant deviner ce que vous attendiez sans le savoir et qu’il va vous offrir. C’est aussi la description d’un monde arabe en pleine ébullition au moment de ce que l’on a appelé le printemps arabe, et de l’autre côté de la Méditerranée une Europe qui doute plongée dans la crise.

Il évoque aussi beaucoup Choukri et son roman le plus célèbre « le pain noir », Choukri est enterré à Tanger et il va se recueillir sur sa tombe. Il évoque ses auteurs de romans noirs préférés et cite plusieurs fois Jean-Claude Izzo que j’adore.
À offrir à vos amis.

 

Au Maroc de Pierre Loti

Pierre Loti est un écrivain et officier de marine français , il est né le 14 janvier 1850 à Rochefort, une grande partie de son œuvre est d’inspiration autobiographique car il s’est nourri de ses voyages pour écrire ses romans. Membre de l’Académie française à partir de 1891, il meurt en 1923, a droit à des funérailles nationales et est enterré à Saint-Pierre-d’Oléron.

Ce récit d’une ambassade de la France à la cour de Fez en 1890 constitue un reportage unique sur un royaume à l’époque très secret où les « non Musulmans » ne pénétraient que rarement.

Il évoque dans sa préface cette fameuse philosophie arabe faite de fatalisme car les choses sont dictées par Allah «  À quoi bon se donner tant de peine pour tout changer, pour comprendre et embrasser tant de choses nouvelles, puisqu’il faut mourir, puisque forcément un jour il faut râler quelque part, au soleil ou à l’ombre, à une heure que dieu seul connaît ? »

Il décrit avec beaucoup de sensibilité, son amour de l’orient et du Maroc :  « Le son des petites flûtes d’Afrique, des tam-tams et des castagnettes de fer, réveille en moi comme des souvenirs insondables, me charme davantage que les plus savantes harmonies, le moindre dessin d’arabesque, effacé par le temps au-dessus de quelque porte antique et même seulement la simple chaux blanche, la vieille chaux blanche jetée en suaire sur quelque muraille en ruine me plonge dans des rêveries de passé mystérieux, fait vibrer en moi je ne sais quelle fibre enfouie »

Il débarque à Tanger ou le Sultan du Maroc  a envoyé une escorte pour permettre à l’ambassade française de faire le voyage à cheval entre Tanger et Fez

C’est d’abord le récit de 12 jours de chevauchée pour rallier Tanger à Fez , 12 jours et 12 nuits à travers un territoire sans routes et sans villes où la petite troupe monte son campement chaque soir et vit de la mouna des tribus ( rançon ou dîme : nourriture préparée, chèvres et montons sur pieds qui sont égorgés pour le dîner, …/…) qui accueillent l’ambassade sur son territoire et l’escorte jusqu’au territoire de la tribu suivante.
Puis la découverte de Fez sous la pluie qui apparaît très triste et délabrée le premier jour à Pierre Loti.
C’est la rencontre avec le Sultan Moulay Hassan descendant du prophète, à l’époque le gardien de la religion musulmane dans sa ville sainte de Fez avec sa célèbre école coranique Al Quaraouiyine qui forme les futurs Imam, lettrés et Marabouts de toute l’Afrique musulmane.

Et puis le soleil arrive et soudain c’est la douceur de vivre, la beauté des choses qui frappe Pierre Loti. Il s’habille à la Marocaine, visite la ville à sa guise et est conquis par la beauté des maisons arabes, l’animation des rues, le manège des femmes sur les terrasses.

Ecrit dans un style à la fois poétique et flamboyant, c’est un livre qui se lit avec un grand plaisir.

 

Le mariage de plaisir de Tahar Ben Jelloun

La quatrième de couverture résume ainsi le roman : « Dans l’Islam, il est permis à un homme qui part en voyage de contracter un mariage à durée déterminée pour ne pas être tenté de fréquenter des prostituées. On le nomme « mariage de plaisir ».  C’est ainsi qu’Amir, un commerçant prospère de Fès, épouse temporairement Nabou, une Peule de Dakar où il vient s’approvisionner chaque année en marchandises. Mais voilà qu’Amir se découvre amoureux de Nabou et lui propose de la ramener à Fès avec lui. Nabou accepte, devient la seconde épouse et donne naissance à des jumeaux. L’un est blanc, l’autre noir. Elle doit affronter dès lors la terrible jalousie de la première épouse blanche et le racisme quotidien ».
Ce roman s’étalant sur trois générations entre Dakar, Fès et Tanger permet à Tahar Ben Jelloun de traiter du racisme en Afrique entre les blancs du Nord et les noirs du Sud. Il n’évoque pas l’esclavage mais on sait que c’est d’abord vers l’orient que la route de l’esclavage s’est ouverte avant le commerce triangulaire vers le nouveau monde.
Sur la toile de fonds de Tanger, il nous fait vivre également au travers de ses personnages le sort des migrants qui tentent leur chance vers l’Europe pour échapper à la misère.
Même si le style de Tahar Ben Jelloun n’est pas toujours aussi fluide que je l’aimerais dans sa première partie, cela reste un roman important pour comprendre les grands enjeux de l’Afrique contemporaine.

La boîte a merveilles d’Ahmed Sefrioui

Classique de la littérature marocaine, ce livre décrit l’enfance de l’auteur dans la médina de Fès dans les années 1960. Ahmed Sefrioui réussit à nous transporter dans l’univers d’un enfant de six ans et nous décrit avec bonheur le quotidien du foyer, les conversations si imagées des femmes, la poésie de leur échanges, leurs pleurs et leurs rires, leur solidarité aussi dans ce milieu populaire. Il nous relate les histoires partagées d’un étage à l’autre, à travers le patio, les chansons, les rires. Ce n’est pas la « grande histoire » , c’est plutôt la vraie histoire du quotidien des gens simples.
Ce livre n’est malheureusement pas ré-édité et il faut donc se le procurer d’occasion.

Le pain nu de Mohamed Choukri

Dans ce livre, Mohamed Choukri nous raconte son enfance et son adolescence dans le Maroc des années 1940. Né dans le Rif, il débarque à Tanger à l’âge de 7 ans avec sa famille fuyant la famine qui sévit dans le Maroc oriental. Il assiste terrorisé au meurtre de son petit frère par son propre père. Fuyant le « monstre », il survit dans les bas-fonds de Tanger, côtoie la famine et la délinquance. En 1956, à l’âge de 21 ans, il entre à l’école et apprend à lire et à écrire.

Le pain nu est un récit brut de cette enfance fracassée, de la misère mais aussi des premières expériences sexuelles du jeune Mohamed. Il dit les choses de manière crue et sans fard dans un monde arabe où même encore aujourd’hui, il n’est pas accepté d’écrire sur ces sujets. Son manuscrit sera refusé par les maisons d’édition du monde arabe et c’est l’écrivain américain Paul Bowles qui adaptera le récit de Mohamed Choukri et le publiera en 1973 en langue anglaise. C’est aujourd’hui un auteur majeur de la littérature arabe.

 

 Pieds nus à travers la Mauritanie d’Odette de Puigaudeau

Avec sa copine Marion Sénones, Odette embarque un jour de novembre 1934 sur la « Belle hirondelle », un bateau de pêche au départ de Douarnenez qui part pêcher la langouste sur les côtes de Mauritanie. Elles n’ont pas d’argent, pas de sponsors mais un culot monstre. Elles débarquent 3 semaines plus tard à Port Etienne avec une seule idée, explorer le pays des Maures ! Un pays où à l’époque, en 1934, même les hommes ne s’aventurent pas, tellement les risques sont grands de ne pas en revenir vivant ! Théodore Monod sera bluffé par leur aventure, et deviendra leur ami. Elles vont traverser la Mauritanie du nord au sud jusqu’au Soudan et au Sénégal avant d’être contraintes de se faire rapatrier à cause d’une petite épine dans le doigt d’Odette qui s’infectera et lui fera frôler la mort. Elles supporteront tout, la soif, l’eau croupie, la mauvaise nourriture et l’inconfort des bivouacs et ce qui est remarquable, c’est le détachement qu’elles affichent vis à vis de ces choses pratiques. Elles évoquent par contre le stress des rencontres, la difficulté de juger leurs interlocuteurs et de leur faire confiance quand c’est votre vie que vous mettez entre leurs mains.

La route de l’Ouest d’Odette de Puigaudeau

La route du Sud est la route qui descend de Tiznit au Sud Maroc à Chinguetti. « Pourquoi avoir choisi en 1933, avant qu’il fut complètement pacifié, ce morceau occidental du Sahara, mal pourvu d’eau, à peine adouci de steppes brûlées et de brousse épineuse, ces 850 000 kilomètres carrés de sables et rocs où l’on peut cheminer bien des jours sans rencontrer un seul des 350 000 pasteurs nomades, arabes et Berbères d’assez fâcheuse réputation, qui les parcourent sans trêve avec leurs serviteurs noirs, en quête de pâturages pour leurs troupeaux ? Pourquoi ? Alors qu’il existe tant de beaux pays où la vie est plaisante et facile ? Peut-être justement parce que nous ne souhaitions pas la vie facile, mais la vie primitive avec ses risques, ses luttes et son total dépouillement. » En parlant des femmes maures : « elles savaient mettre un accent de sincérité dans la banale formule d’accueil : maintenant que tu es arrivée sous ma tente, tu es rentrée chez toi ». Et c’est l’arrivée à Chingueti : Au milieu des tumultes du Nord, vous vous disiez bien quelquefois : « quand je retournerai à Chingueti… » Rien que cette pensée était un repos : c’était comme un grand lac calme ou une forêt profonde, comme une dune silencieuse gonflée de soleil. C’était un refuge. Mais vous n’y croyiez plus. Il n’était pas possible qu’il existât encore dans le monde des lieux si sages et immobiles où l’on put être, paisiblement, si pauvre et si heureux. Elle appelle cette piste de Casablanca-Dakar, la piste impériale longue de 3500 km! Ce livre plus poétique que « pieds nus à travers la Mauritanie » reste un témoignage exceptionnel sur les mœurs des nomades à cette époque.

Al khayma tente noire du Sahara

De Rahal Boubrik et Saad Tazi, ce livre rassemble tout ce qui a pu être dit sur la fameuse Khayma, la tente tente-noire-shara-al-khayamaarabe ou plutôt la tente du bédouin qui est arrivée d’Orient au

Maghreb . Elle est fabriquée à partir de poils de chèvre et de chameau avec les mêmes techniques de cardage et de filage que les tapis berbères. Ce livre constitue l’encyclopédie de la Khayma avec de magnifiques photographies prises dans la région de Laâyoune.

Les agadirs de l’Anti-Atlas occidental

agadirs-anti-atlas-occidentalDe Herbert Popp, Mohamed Ait Hamza et Brahim El Fasskaoui. Livre « monument » de 500 pages sur les agadirs de l’anti Atlas avec une première partie encyclopédique sur le rôle des agadirs dans le milieu rural de la région et une deuxième partie sous forme d’inventaire qui recense 107 agadirs avec photo, carte et vue aérienne.

Les voix de Marrakech : Elias Caletti

voix-marrakech-calettiC’est un petit livre composé de 14 nouvelles ramenées d’un séjour à Marrakech en 1953. Ces instantanés littéraires, sont  simples et précis et ils expriment ce que l’on a nous aussi vécu sauf que l’on n’avait pas le talent d’Elias Canetti pour le raconter (Elias Canetti a reçu le prix Nobel de littérature en 1981). J’adore en particulier sa description des souks et des chameaux.

Delacroix voyage au Maroc aquarelles

Livre d’art qui rassemble une centaine d’aquarelles ramenées par Delacroix de son voyage au Maroc en 1832. Un très beau « carnet de voyage » que le peintre exploitera comme matière première dans la suite de son œuvre.

 

Reconnaissance au Maroc-Charles de Foucauld- 1883-1884

reconnaissance-maroc-foucauldRé édition de la thèse originale présentée à la société de géographie de Paris dans la séance générale du 24 avril 1885 par le vicomte de Foucauld. Ouvrage très dense de 480 pages, à consulter par curiosité mais difficile d’accès sauf aux vrais passionnés !

Né en 1858, Charles de Foucauld sera d’abord militaire et mènera une vie dissolue avant de démissionner de l’armée afin d’explorer le Maroc en se faisant passer pour un juif. La qualité de ses travaux lui vaut la médaille d’or de la Société de géographie et une grande renommée à la suite de la publication de son livre Reconnaissance au Maroc (1888).

De retour en France et après diverses rencontres, il retrouve la foi chrétienne et devient religieux chez les trappistes, mais sa quête d’un idéal encore plus radical de pauvreté, d’abnégation et de pénitence le pousse à quitter la trappe afin de devenir ermite en 1901. Il vit avec les Berbères,  prêchant par son exemple. Afin de mieux connaître les Touareg, il étudie pendant plus de 12 ans leur culture, publiant sous un pseudonyme le premier dictionnaire touareg-français. Les travaux de Charles de Foucauld sont une référence pour la connaissance de la culture touareg.

 

Onze lunes au Maroc chez les Berbères du haut Atlas -Titouan Lamazou

onzes-lunes-lamazouTrès beau carnet de voyage illustré par Titouan Lamazou sur un texte très simple mais très fort de sa compagne écrivain Karin Huet. Le récit d’un séjour d’une année dans le haut atlas avant que Titouan ne devienne célèbre comme navigateur, un très beau témoignage ethnographique dans les tribus Berbères des Ayt Bou Gmez et Ayt Bou Oulli.

 

Isabelle Eberhardt : Sud Oranais

sud-oranais-eberhardtPlus qu’un journal de route, une vraie œuvre littéraire, car un journal qui porte le regard d’une femme aventurière qui a voyagé dans les territoires insoumis à la frontière algéro marocaine à l’époque de la colonisation.

Michel Vieuxchange : Smara

smara-vieuchangeLe livre est sous-titré « carnet de route d’un fou du désert » et c’est bien de cela qu’il s’agit ! la conquête du graal c’est pour Michel Vieuchange d’aller à Smara, une ville du Sahara ou aucun occidental, aucun « non musulman » ne pouvait pénétrer sous peine de mort. C’est son carnet de voyage, un chemin de croix qui l’amènera jusqu’à son but mais qui lui sera fatal. C’est un témoignage poignant.

 

Guide Gandini  – Pistes  du Maroc

pistes-maroc-gandiniL’indispensable pour qui veut maitriser les pistes du Maroc. M.Gandini installé à Ouarzazate connait le Maroc comme personne et édite un guide, aujourd’hui en 7 volumes qui donne des idées de balades en 4-4 ou moto à travers tout le Maroc (1 guide par région). En plus de ces itinéraires indispensables aux amoureux du Maroc tout terrain, les guides Gandini sont de vrais trésors riches d’une vraie iconographie et de documents historiques uniques issus des archives de l’armée Française.  Merci Mr.Gandini !

Maisons en terre : Ossart et Maurières

maisons-en-terre-ossart-maurieresMessieurs Ossart et Maurière sont 2 jardiniers paysagistes devenus architectes décorateurs qui ont créé une « œuvre » à Taroudant au travers de la rénovation ou de la construction de belles maisons traditionnelles en terre. On découvre dans ce livre 11 de leurs maisons très bien photographiées, on découvre l’étendue de leur talent (et ils nous donnent une irrépressible envie d’acquérir l’une de leurs maisons !)

 

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti

jardin-maison-arabes-gallottiÉcrit en 1926 à l’époque du protectorat, ce livre fait partie d’un ensemble, la bibliothèque de « la résidence », dont le Marechal Lyautey, « le résident » avait passé commande et qui comprenait d’autres ouvrages sur la musique traditionnelle, les arts et traditions, …/…cet ouvrage a été ré édité par « actes sud » en 2008. Il est illustré de très belles photos en noir et blanc de Lucien Vogel qui fera par la suite une brillante carrière en métropole en créant de nouveaux  journaux illustrés mettant les photos au premier plan.  Mais mieux que les photographies, ce livre est également illustré de 160 dessins de l’architecte Albert Laprade a qui l’on doit en particulier l’ancien musée des arts africains et océaniens à la Porte Dorée a Paris et la maison du Maroc de la cité universitaire internationale de Paris. Ces dessins sont beaucoup plus parlants que les photos car analysent et décryptent pour nous la conception et la fabrication des éléments d’architecture qui nous seraient  restés incompris, ces dessins constituent pour moi l’intérêt central du livre. Jean Gallotti note avec pertinence qu’une fois la maison construite, nous occidentaux y installons le mobilier alors qu’un Marocain aisé y ajoutera les mosaïques de faïence, les plâtres ciselés, les revêtements, balcons et portes de bois sculptés, les plafonds ouvragés, les peintures enluminées, une seconde maison qui doit doubler la première comme le velours double un écrin. C’est le sol, le plafond, les murs qui réalisent le luxe et non pas le mobilier. Quand il évoque le Riad, il écrit « fait comme une maison (dar) dont la cour intérieure se serait étirée, pour faire place à la lumière, aux arbres et aux fleurs et dont deux côtés seuls seraient restés, il n’est que l’expression du besoin d’espace, il semble une maison dilatée par un soupir », magnifique n’est-ce pas ? Le livre est écrit dans un français un peu suranné mais précis qui laisse transpirer la passion de l’auteur pour la beauté du patrimoine architectural Marocain, on y trouve de fines observations mais aussi des horreurs assenées  avec beaucoup de prétention et de bêtise du type « les berbères, ces nomades d’une race si vieille qu’on en ignore les origines, incapables de rien créer et d’évoluer en rien, semblent n’avoir adopté l’idéal sémitique que pour ajouter à sa sécheresse » , ce livre écrit avant la deuxième guerre mondiale est malheureusement imprégné des théories raciales en vogue à l’époque et il faut bien entendu remettre ce livre dans ce contexte historique.

Salima Naji : art et architectures berbères du Maroc

art-architectures-berberes-najiC’est le deuxième livre que j’ai lu sur les maisons en terre après celui de messieurs Ossart et Maurières. J’ai beaucoup aimé car Salima Naji nous initie en 200 pages très riches en iconographie à toute la palette des artisans qui contribuent à construire une maison Berbère traditionnelle (habitat vernaculaire dirait Salima avec toute son érudition). J’ai mis un peu de ce livre dans ma maison de Taroudant. Merci Salima !

 

Les mille et une nuits

mille-une-nuitTout le monde connaît les mille et une nuits mais peu de gens ont lus ces contes qui sont un petit trésor littéraire. Les 2 tomes présentent 38 contes racontés par Shahrazade, la fille du Vizir du roi Shahriar roi cruel qui sacrifie une jeune vierge chaque nuit.

La Traduction est de Joseph-Charles Mardrus en 1899 qui nous présente un Orient gourmand, sensuel, lascif et érotique. Le procédé littéraire est connu, Shahrazade sauvera sa vie en tenant le roi en haleine d’une nuit à la suivante grâce à ses talents de conteuse.

Jemia et J.M.G.Le Clézio : Gens des nuages

Un autre voyage à Smara (qui fait de écho au livre Michel Vieuxchange ) par JMG Le Clezio et sa femme originaire de la rivière rouge à côté de Smara « la Saguia  el Hamra ». C’est aussi le voyage qui sert de trame au roman de Le Cléziot dans « Désert » le livre dans lequel il raconte l’histoire du cheikh Ma el Aïnine, le chef spirituel qui avait réussi à rassembler près de Smara, dans la Sagia el Hamra, à la fin du 19 ième, une armée de guerriers pour chasser les colons infidèles Français et Espagnols. Dans « Désert » on était dans le roman, dans « Gens des nuages » on est dans le photo reportage ».

Désert de J.M.G. Le Clézio

desert-le-clezioLe livre entrecroise 2 récits et celui que j’aime et que l’on peut lire indépendamment de l’autre raconte l’histoire du cheikh Ma el Aïnine, le chef spirituel qui avait réussi à rassembler près de Smara, dans la Sagia el Hamra, à la fin du 19 ième, une armée de guerriers pour chasser les colons infidèles Français et Espagnols. Ils ont marché à pied vers le nord avec femmes et enfants, les hommes bleus, les tribus berbères du grand sud, ils ont marchés pendant des semaines avec la soif et la faim jusqu’à la vallée de Souss pour leur guerre sainte. Et puis en juin 1910 ils ont chargé avec leurs chevaux et leurs mauvais fusils, l’armée moderne du général Moinier , ses 2 000 fantassins équipés de fusils Lebel et de mitrailleuse lourdes. Ce n’était plus une armée, c’était des bandes de mendiants en guenilles et ils sont tombés sous les balles ou percés à coup de baïonnette.  Le vieux cheick Ma el Aïnine est mort quelques mois plus tard entourés de ses derniers fidèles et les français sont rentrés dans les territoires du sud.

Bill Willis , décorateur au Maroc

decorateur-maroc-willisTrès beau livre d’art sur les principales réalisations de Bill Willis, un jeune américain qui débarque à Marrakech dans les années 1960 lorsque la ville est encore inconnue du reste du monde et qui contribuera avec quelques autres à inscrire cette ville dans le nouveau circuit des membres de la jet-set bohème. Architecte d’intérieur, il rénovera les palais de ses amis fortunés dans un style authentique et grandiose.

La maison du Calife de Tahir Shah

maison-calife-shahC’est le récit de l’installation au Maroc d’un couple d’anglais dans un vieux riad à Casablanca. Au travers d’un récit brillant et drôle qui traverse une année complète de la vie Marocaine, l’auteur nous décrit toutes les difficultés et à la fois toute la richesse de l’aventure. C’est un petit « guide » de l’étranger au Maroc qui découvrira l’insécurité, la difficulté à obtenir ce que l’on souhaite même avec de l’argent mais aussi le bonheur de vivre dans ce pays si beau et la gentillesse de son peuple.

Geneviève  Barrier Demnati par Malika Demnati El Mansouri

genevieve-barrier-demnatiLa vie et l’œuvre d’une jeune femme née à Loches qui après des études de peinture va faire la connaissance du capitaine de Lattre de Tassigny au Maroc mais finira par épouser un « self made man » Berbère : Lahoussine Demnati. Cet homme exceptionnel fera fortune en découvrant une mine de cobalt à Bou Azzer et finira banquier ! Elle peindra et traversera l’Afrique du nord à dos de chameau. Elle mourra à Taroudant dans le Riad du couple « Dar Baroud » et toute la ville s’arrêtera le jour de ses funérailles pour lui rendre un dernier hommage. Très beau livre de sa petite fille illustré de tableaux de Geneviève Demnati.

Méharées de Théodore Monod

mehares-monodLui c’est un vrai fou de désert, un fou du Sahara qu’il arpentera toute sa vie de l’Atlantique à la mer rouge, du Maroc , Algérie , Libye au Nord  a Oualata, Chinguetti,  Tombouctou au Sud entre Mauritanie, Mali et Niger , un scientifique complet à la fois géologue, naturaliste, linguiste, ethnologue qui explore son territoire d’Ouest en est et du nord au sud sans rien négliger . On est admiratif de son courage quand on comprend la difficulté de vivre dans ces conditions extrêmes sans eau potable, en mangeant la nourriture des nomades, en vivant la dureté des étapes mais en s’imposant de surcroît ses tâches scientifiques pendant que le reste de la caravane se repose aux heures chaudes de la mi-journée . Il nous explique ses conditions de vie et on comprend qu’on n’aurait pas tenu ne serait-ce qu’à cause du régime alimentaire ! Il résume d’une phrase ces conditions : « Pays impitoyables. Et nous serons bientôt, nous aussi à l’image de celui-ci, sans une plainte devant nos souffrances, insensibles à celles des autres » Malheureusement ces territoires nous sont désormais interdits pour cause de terrorisme et il faudra certainement quelques années pour repartir en Mauritanie sur les traces des Théodore Monod. J’ai eu le plaisir de le croiser physiquement lors d’une visite avec mes enfants au jardin des plantes, assis au soleil comme un jeune étudiant sur le perron du muséum , un grand monsieur ! Un livre indispensable à qui ambitionne de découvrir  le désert comme les livres de Bernard Moitessier ou d’Eric Tabarly l’ont été aux apprentis marins depuis 2 générations.

Inch’Allah- Le souffle du jasmin de Gilbert Sinoué

souffle-jasmin-sinoueC’est l’histoire, la grande histoire du moyen orient entre la première et la seconde guerre mondiale mais romancée au travers des personnages de 4 familles , israélienne, palestinienne, irakienne et égyptienne. Même si on s’intéresse comme moi à ces questions depuis des dizaines d’années, on découvre ou redécouvre les racines du mal, la déclaration Balfour de 1917, la responsabilité centrale de l’Angleterre dans l’histoire contemporaine de l’ensemble du moyen orient et celle aussi partagée de la France ou de l’Amérique dans ce conflit inextricable. 

L’adrar de Mauritanie : sur les traces de Theodore Monod (éditions Vents de sable)

Acheté chez un bouquiniste sur les quais de Seine, c’est à la fois un très beau livre de photos de Jean-Marc Durou, photographe spécialiste du Sahara qu’il sillonne depuis plus de 30 ans et un livre de référence sur l’Adrar car écrit à plusieurs mains avec des articles très documentés. On y trouve en particulier quelques pages de souvenirs Saharien de Théodore Monod après une introduction de son fils Ambroise Monod. On y trouve aussi un bel article sur Odette du Puigaudeau rédigé par Monique Vérité qui relate son séjour dans l’Adrar en 1934 et en particulier sa visite à Chinguetti. A noter enfin un article très documenté de Robert Vernet sur la préhistoire de l’Adrar.